J'ai rédigé ce billet pendant ma maladie et j'ai mis 6 mois à le publier car je n'étais pas prêt. Aujourd'hui, le temps a passé et j'ai repris une vie normale. Il me reste toutefois quelques séquelles neurologiques de cet épisode douloureux : Réflexe rotulien côté gauche non récupéré, sensations "spéciales" genou gauche appelées savamment dysesthésies (contractions incontrôlées du quadriceps ou sensibilité différente).
"Pour une personne très active, le pire est de ne plus pouvoir s'adonner à ses activités habituelles, travail, jardin, bricolage d'entretien et de tout à coup dépendre entièrement des autres pour tout !
Le pire du pire c'est d'avoir une passion et de croire, sur l'instant, qu'elle disparaît à jamais !
C'est ce qui vient de m'arriver sous la forme d'une douleur aiguë au niveau du dos, de l'aine, du quadriceps, du genou, la cuisse, tout ça du côté gauche. Le nom de cette saloperie qui vous rend tout à coup d'une humilité incroyable et qui vous fauche en une demi-journée : Une cruralgie hyperalgique svp..
Cela fait quoi ? trèèèèèèèèèèèèèèèèès mal au point qu'on part aux urgences en pleine nuit pour revenir avec un traitement de cheval qui ne vous calme même pas et pourtant cocktail copieux à base de cortisone, morphine et valium ! rien que ça !
C'est arrivé d'un coup ? non bien sûr mais tout le monde a mal au dos, un peu, par ci par là, en haut en bas, à droite à gauche, mais là une petite douleur persistante à gauche depuis 4 à 6 mois sans que cela ne m'empêche de rien faire mais toujours présente à l'effort !
Dans l'intervalle 1 Brive Rocamadour, 1 Roc Trespouzien, des sorties de reconnaissance pour la Saint Michéloise (8), des sorties en Single Speed pour soigner la condition et j'en passe, notamment les jours de pluie, le rameur et le vélo d’appartement plus quelques footings.
Partons de la journée des bénévoles de mon club Cours VTT, un samedi, la sortie s'annonce assez tranquille, en effet, j'ai planifié un parcours assez léger car les jeunes pousses du club participent, je décide donc de prendre le Single Speed pour quand même travailler un peu et je me régale un maximum. Le repas entre potes se passe au mieux, l'après-midi je pars faire un pré-balisage d'une partie du circuit de la future Saint Michéloise à pied avec 2 copains du club, tout se passe à merveille, soirée avec quelques douleurs mais journée chargée physiquement donc pas d'attention particulière de ma part, nuit parfaite puis lever et retour sur Toulouse pour le Dimanche après-midi.
Dans la semaine qui suit, je travaille normalement non sans avoir quelques signes douloureux qui me demandent de ne pas rester assis trop longtemps donc dans la semaine, le jeudi soir, je vais voir mon généraliste avec les résultats de la radio et du scanner qu'il m'avait prescrits la semaine précédente et là rien d'anormal ! OUF ! donc comme j'ai encore mal il me prescrit un shoot de Cortisone + Dafalgan pour essayer de déraciner le mal et c'est reparti sans arrière pensée mais toujours avec une petite douleur latente côté gauche dans le dos.
Et là, le samedi, c'est le drame en passant le tracteur pour tondre !! Une douleur intolérable est en train de s'installer, engendrée certainement par les vibrations du tracteur et les dévers du terrain mais bien sûr je veux terminer donc j'insiste bien et je finis en fait je ME finis !!!
Le soir c'est plus que le drame, je ne tiens plus sur mes jambes, je marche à quatre pattes, je suis une loque, je me couche malgré tout en espérant que la seule position acceptable que j'ai trouvée dans le lit me permettra de dormir et diminuera ma douleur, mais rien n'y fait et Corinne, énergiquement, un samedi soir, fait le 15 sur le téléphone, le médecin de garde nous propose de partir aux urgences à Muret (au plus près) certainement moins chargées que celles de Rangueil. Diagnostic Cruralgie gauche et cocktail de cheval pour retour maison, tout ça en 1 heure chrono.
Je vois bien que je ne pourrais pas repartir au boulot avant belle lurette et le lundi je ne peux toujours pas marcher, je souffre le martyr malgré le traitement de cheval et je téléphone à mon généraliste pour qu'il passe me voir et constater dans quel état j'erre, et il est passé, si ! si ! ça existe encore des généralistes qui se déplacent. Et là le mardi je ne peux toujours pas vivre tellement je souffre je le rappelle et nous convenons qu'il faut investiguer davantage et en urgence et donc il faut passer une IRM mais là se pose le problème des délais !! Donc il me propose de partir aux urgences de la Clinique des Cèdres de Cornebarrieu avec une belle lettre d'introduction qu'il me fait sur le champ. Le mardi soir je suis aux Cédres, j'y "dors" et le lendemain l'IRM est planifiée.
L'IRM ? : un enfer, un calvaire, il faut que je me tienne dans une position (allongé sur le dos, jambes allongées) où la douleur est maximum et cela pendant 10 minutes sans bouger !! Les dix minutes certainement les plus longues de toute ma vie !!
Résultat : je le fait court : hernie discale foraminale et extra rachidienne L3-L4 avec appui radiculaire latéralisé.
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Ce sont les derniers mots de la description qui font mal : ça veut dire que mon nerf crural est comprimé et que c'est lui qui me fait ch..r oups ! très mal.
Je vois le neurochirurgien qui m'explique tout bien et qui me met en main le marché suivant : soit vous prenez un traitement médicamenteux et ça peut se régler en 3 ou 4 semaines, soit je vous opère samedi prochain - statistiques : traitement médicamenteux 90% de chances de succès; Opération 90% de chances de réussite. Voilà c'est à vous de choisir, vous savez tout !
Je tourne tout ça dans ma tête avec Corinne et nous prenons la décision du traitement médicamenteux car l'intervention est à faire en dernier recours; nous partons donc avec l'ordonnance correspondante : Biprophénid + Dafalgan + Morphine.
Juste un petit détail : nos congés programmés et payés en avance pour 2 semaines (dernière de juin et première de juillet) en Corse arrivent dans moins de 3 semaines!!!!!
Retour à la maison avec les médicaments, tant que j'ai de la morphine + Dafalgan + Biprofénid je m'en sors à peu près mais dès que j'ai fini la morphine je souffre encore le martyr et le temps passe, la Corse arrive et moi je stagne, je ne m'en sors pas. Je repars chez le médecin pour évaluer avec lui les chances de ne pas gâcher les vacances que l'on attends toute l'année, il me prescrit du Tramadol et une ceinture de maintien lombaire, je pars regonflé à bloc mais ça n'est toujours pas suffisant et j'y retourne 2 jours après, et là, je craque car l'espoir de vacances s'anéantit définitivement, je ne suis pas en état de faire 6 heures de voiture jusqu'à Toulon même avec une ceinture et de supporter l'éventuel roulis d'un bateau puis de refaire encore derrière 2 ou 3 heures voiture pour atteindre notre lieu de vacances.
La décision est prise d'annuler le départ en Corse, Corinne annule ses vacances, je me sens terriblement coupable mais je suis convaincu que nous avons pris la bonne décision et notre médecin généraliste nous a été d'une grande aide dans cette période particulièrement difficile.
Le Tramadol est une révélation tant il me soulage bien, certes il a des effets secondaires pas très agréables, mais au bout de quelque temps, j'éprouve le besoin de voir où j'en suis, j'arrête cet anti-douleur avec l'accord de mon toubib tout en continuant le Biprofénid. Mais encore une fois la douleur revient au galop, je ne peux plus dormir et je repars chez le généraliste. Il me prescrit encore une fois du Tramadol mais moins dosé, du Biprofénid, du Dafalgan et de la kiné et me dit textuellement d'essayer d'adapter mon traitement à mon ressenti de douleur en arrêtant le Biprofénid quelques temps car cela fait plus d'un mois que j'en prends. Normalement c'est pas plus de 10/12 jours d'affilée.
Je suis donc au Tramadol et tout se passe bien, je ne souffre plus trop, je recommence à vivre mieux, je passe des journées assez sereines, je vais chez le kiné 2 fois par semaine et donc comme la dernière fois, pour voir où j'en suis j'arrête le Tramadol et là, je ne souffre plus beaucoup des douleurs de ma cruralgie, et ça c'est super, par contre j'ai des "impatiences dans les jambes" au moment d'aller au lit et je ne peux pas dormir !!!!
Je me documente, la notice du Tramadol d'abord, et là, des effets secondaires de sevrage sont décrits, je fais un tour sur Internet et c'est confirmé, je suis victime d'un syndrome de manque qui se manifeste par ces "impatiences", insomnies, etc...
Je m'auto-médique en prenant le soir avant de me coucher un Valium 5 et là je dors comme un bébé, je fais ça trois soirs de suite puis le quatrième c'est terminé je peux dormir normalement sans aucun produit, je suis désintoxiqué.
Je ne suis plus sous traitement et les douleurs restantes sont gérables.
Je discute avec le kiné et je lui demande si je peux pousser ou plutôt me faire tirer par ma tondeuse auto-tractée ? réponse oui avec ceinture dans un premier temps; première victoire : je peux de nouveau me rendre utile !
Puis question suivante : puis-je faire un peu vélo d'appartement ? oui mais sans résistance au début ! Voilà mes instruments de torture (vélo de spinning puis vélo de route) avant de repasser au VTT.
deuxième victoire : je pourrais peut-être remonter sur un VTT un jour !
troisième question : puis-je commencer à me renforcer au niveau de la sangle abdominale ? oui mais faire des exercices de gainage statique ! Super ! Je suis sur la bonne voie ! Et tout revient : le moral, les bonnes sensations, bientôt le boulot, etc...
Mercredi prochain je vais annoncer la bonne nouvelle (pas pour lui) au neurochirurgien, 2 mois après l'avoir vu la première fois, et lui demander des conseils puis continuer à renforcer mon dos et mes abdominaux pour que cette saleté ne se reproduise plus.
Conclusion : Ecoutez-vous et allez voir le toubib une fois de trop plutôt qu'une fois de moins ! Sachez gérer vos sensations, n'allez pas trop loin gardez-en sous la semelle.
Je ne remercierai jamais assez Corinne, et les gens qui m'entourent, les potes du Club qui n'ont cessé de me téléphoner et de m'envoyer des mails chaque semaine pour me remonter le moral et les gens du boulot qui également ont pris très souvent de mes nouvelles.
Évitez autant que possible ce genre de désagréments (hernie discale provoquant des sciatiques et/ou des cruralgies) en faisant de la prévention : postures, renforcement musculaire et ne pensez pas que ça n'arrive qu'aux autres.
Voilà si quelqu'un lit ce petit témoignage et qu'il lui sert à quelque chose j'aurais atteint un double but : me débarrasser de souvenirs très pénibles en en parlant et faire profiter les autres de ma triste expérience."
A+
Patrick